Financement de la L. G. V. Sud Europe Atlantique

Monsieur le Président, Mes Chers Collègues,

Nous sommes invités à nous exprimer aujourd’hui sur le financement de la LGV Sud Europe Atlantique. Permettez-moi d’intervenir au nom du groupe Gironde Avenir.

Je crois que tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit d’un véritable projet structurant pour notre territoire à plusieurs égards.

Ce projet participe directement du développement de notre territoire et constitue un outil de cohésion territoriale fondamental. Il représente une chance indéniable pour notre économie. Une ligne à grande vitesse a une répercussion incontestable sur la compétitivité des entreprises et participe à l’élargissement des marchés. La proximité d’une ligne à grande vitesse est un argument non seulement pour attirer les entreprises mais aussi pour le développement du tourisme, ce qui, dans un département comme le nôtre, n’est pas négligeable.

Ce projet contribuera également à la création de nombreux emplois (sur la section Bordeaux-Tours : 100 000 emplois-an pendant la période de construction, près de 1000 emplois directs permanents et entre 5800 et 8500 emplois indirects permanents). Il représentera un atout majeur à la relance de l’économie. Il s’agira du plus grand chantier de travaux publics programmé actuellement en France.

Ce projet, repris dans la loi de mise en œuvre du Grenelle de l’Environnement, s’inscrit également pleinement dans la démarche de développement durable que s’est assignée le Conseil général de la Gironde et contribuera à l’engagement de la France en matière de réduction des gaz à effet de serre. Comme je l’indiquais lors de la séance plénière de décembre 2006, « elle permet d’économiser le CO2 d’une ville de 60.000 habitants et de réduire le trafic de 4000 poids lourds par jour ». S’il y a bien un outil de développement durable, c’est le ferroviaire. En effet, nous savons qu’avec la ligne Bordeaux-Espagne, nous aurons un transfert de la route et de l’aérien vers le rail d’une partie significative des transports de marchandises et de voyageurs. En effet, la libération de capacité sur les lignes classiques permettra le développement, en parallèle, du fret ferroviaire et des services régionaux de voyageurs. La LGV apparaît ainsi comme l’un des moyens de protéger l’environnement de notre région et de proposer une alternative à la route.

Enfin, n’oublions pas la dimension européenne du projet avec une liaison facilitée entre la péninsule ibérique, la capitale et le nord de l’Europe.

C’est pourquoi, il est absolument nécessaire que nous nous mobilisions tous, toutes collectivités confondues pour mener à bien ce projet d’ensemble ambitieux (12,6 milliards d’euros) au montage financier complexe lié à la participation de nombreux intervenants.

En effet, reste à boucler le plan de financement.

A ce sujet, il semblerait que les négociations financières stagnent notamment au niveau de la Région, pourtant maître d’œuvre du projet, au risque de se faire dépasser, comme le soulignait déjà le préfet Idrac en juillet dernier lors de la présentation de l’activité des services de l’Etat, par d’autres projets déjà bouclés comme la LGV Bretagne (travaux en 2009, fin travaux en 2015). Malgré la signature d’un protocole d’intention en fin d’année dernière, l’accord définitif de tous les financeurs n’est pas acquis.

Si, en Aquitaine, les Conseils généraux des Landes et de la Gironde ont accepté de payer, ils ne le font pas sans réserve et refusent de s’aligner sur les montants souhaités par l’Etat. De la même manière, la Communauté urbaine a assorti sa participation à des conditions.

Par comparaison aux participations constatées dans d’autres projets (Bretagne et Rhin-Rhône), la Région Aquitaine a bloqué son apport à 36,4 % de la part des collectivités, soit 300 M€ pour Tours-Bordeaux et autant pour les deux prolongements. Dans d’autres régions, elle varie de 60 à 80 %. La position de la Région Aquitaine se fait au détriment des autres collectivités et notamment de la Gironde. En effet, le protocole d’intention prévoit que les collectivités territoriales de chaque région conservent la faculté de s’accorder sur une répartition infra-régionale différente de celle prévue en annexe du document.

Rappelons, par ailleurs que l’Etat qui financera seul le même montant que 58 collectivités locales dans les 6 régions concernées, tente, de son côté, d’obtenir une subvention complémentaire de l’Europe.

Je lis dans Sud-Ouest d’aujourd’hui qu’Alain Rousset « est l’un de ceux qui restera proche de vous ».Peut-être les Girondins pourraient-ils profiter de cette proximité en obtenant un investissement plus fort de la Région sur la LGV.

En ce qui concerne notre institution, nous avons provisionné 138 M d’euros. Or, ces provisions ne couvrant pas la totalité des montants demandés par l’Etat, nous pensons, en effet, qu’il convient de poursuivre les discussions pour obtenir des réponses à nos interrogations.

Mais ce choix de la LGV doit nous entraîner aussi vers d’autres décisions.

Un élu de notre assemblée, absent aujourd’hui, déclarait il y a peu : « abandonner le grand contournement est une imbécillité ». J’estime, pour ma part, que relancer l’idée est une idiotie.

S’il y a bien une idée à relancer, c’est celle du contournement ferroviaire qui permettra une véritable alternative au transport routier des marchandises, complété du fret fluvial et maritime.

Notre Assemblée et son Président peuvent et doivent être force de proposition dans ces alternatives qui construiront l’avenir de notre département et son développement durable.

En conclusion, les élus du groupe Gironde Avenir ont toujours soutenu le projet LGV lors des débats antérieurs dans cet hémicycle, c’est pourquoi nous voterons cette délibération.

Je vous remercie.