Intervention de Xavier Loriaud sur le dispositif d’aide à la viticulture

Assemblée plénière du 25/10/13

Xavier LoriaudMonsieur le Président,
Mes Chers Collègues,

Le millésime 2013 restera gravé pour très longtemps dans les mémoires des vignerons girondins.

Après un printemps hors norme qui a causé coulure et millerandage, un été meurtrier avec des orages de grêle sans précédent ainsi que des conditions climatiques favorables au mildiou, et enfin pour terminer, on a connu des attaques de botrytis importantes qui ont à la fois entrainé une baisse de rendement et par endroit une diminution notable de la qualité des raisins.

Tous ces événements ont considérablement amputé le potentiel de production initial aboutissant ainsi à la plus petite récolte depuis 1991, année de sinistre mémoire du gel du 21 avril. Ainsi à la suite d’une récolte 2012 déjà qualifiée d’extrêmement basse avec 5,25 millions d’hectolitres, les estimations de récolte pour 2013 oscillent entre 4,2 millions d’hectolitres et 4,5 millions d’hectolitres soit environ 20% de moins que la moyenne.

Au vu des écoulages qui ont démarré depuis quelques jours, ces prévisions risquent d’être encore revues à la baisse, engendrant une inquiétude grandissante dans le vignoble du Bordelais.

On peut chiffrer pour le millésime 2013 une perte estimée comprise entre 200 000 et 250 000 hectolitres due à la grêle et une perte due à la coulure et au millerandage évaluée entre 800 000 et 1 million d’hectolitres.

C’est considérable, on peut évaluer le manque à gagner entre 100 millions à 130 millions d’€.

C’est une perte énorme pour la viticulture mais ce sont aussi des montants qui ne seront pas injectés dans l’économie réelle girondine, notamment pour l’emploi, l’artisanat et le commerce.

Revenons sur les orages de grêle et leurs incidences qui nous préoccupent aujourd’hui au travers de la délibération qui nous est proposée.

Les conséquences de cet avatar climatique posent un souci majeur pour trois raisons :

– l’importance de la zone touchée

– l’intensité élevée du phénomène de grêle

– le faible niveau de récolte dans le bordelais qui réduit considérablement la portée de tous les mécanismes compensatoires tels que les achats de vendange, la mise en place des conventions de mise à disposition ou bien encore du volume de solidarité qui avait été mis en œuvre en Côtes de Bourg en 2009.

Nous sommes confrontés à une situation que l’on peut qualifier de dramatique sur le plan économique et social pour bon nombre de ces exploitations.

Face à l’ampleur de ce phénomène, vous nous proposez d’instaurer un dispositif d’aide comportant un volet d’aides directes de trésorerie et une bonification d’intérêts sur des reports d’annuités.

Le groupe Gironde Avenir soutiendra ce dispositif et se réjouit que le département apporte sa pierre à cet édifice de solidarité en direction de la viticulture. Sur le plan du montant de l’enveloppe de 300 000 € en autorisation d’engagement que nous allons voter, elle symbolise la volonté d’action de notre collectivité.

Par contre, mis en perspective avec les pertes abyssales engendrées par ce phénomène sans précédent, le montant du plafond d’aide à hauteur de 3000 € par exploitation représente une aide modeste mais bienvenue face à un océan de détresse.

C’est la raison pour laquelle le département doit prendre toute sa place aux côtés des organisations professionnelles et de l’Etat afin d’apporter une réponse collective à cette situation en faisant en sorte qu’elle ne puisse se répéter et remettre en cause l’existence même des exploitations.

Il faut privilégier le volet préventif à tout prix. Il doit être de deux ordres.

Tout d’abord renforcer les moyens et les dispositifs mis en œuvre par l’ADELFA.

Et puis il faut impérativement augmenter le pourcentage de surfaces assurées qui est malheureusement trop faible aujourd’hui (entre 10% et 40% en fonction des secteurs), soit par méconnaissance des dispositifs mutualisés comme c’est le cas par exemple sur l’appellation Blaye Côtes de Bordeaux, soit parce que les contrats d’assurance proposés sont inadaptés et prohibitifs en terme de coût supporté par les entreprises.

Ainsi nous soutenons l’initiative du Sénateur Gérard CESAR qui a invité le Ministre de l’Agriculture à poursuivre la réflexion engagée sur la mise en place dans le département de la Gironde en 2014, à titre expérimental d’une assurance couvrant les aléas climatiques. Outre l’Union Européenne, les collectivités locales, les organisations professionnelles, les compagnies d’assurance pourraient apporter tout leur concours. Dans ce cadre là, l’U.E à travers la Politique Agricole Commune (PAC) prend en charge 65% de la prime de ces contrats d’assurance récolte. A titre d’exemple, ce type de dispositif fonctionne bien dans la vallée du Rhône.

Face aux aléas climatiques, la mise en place de ces mesures permettra de garantir la pérennité de la filière viticole et le modèle d’exploitation familial auquel nous tenons tous.

Même si ce n’est pas à l’ordre du jour, en conclusion de mes propos, je souhaite attirer votre attention sur la situation préoccupante que va connaître une partie des viticulteurs girondins en 2014, je pense notamment aux vignerons des appellations Bordeaux, Entre Deux Mers et Côtes, commercialisant une partie importante de leur récolte en vrac qui sont affectés par des baisses de récolte dues à la coulure et au millerandage parfois supérieures à 40%. En Haute Gironde, le chiffre de 30 hectolitres à l’hectare semble souvent être la norme. Les difficultés de trésorerie auxquelles ils vont être confrontés à partir du printemps 2014 risquent d’entrainer des situations très délicates y compris pour le maintien de l’emploi au sein de ces structures.

La profession va surement solliciter notre collectivité afin d’étudier comme pour la grêle des dispositifs en lien avec l’Etat, la MSA et le monde bancaire permettant d’accompagner les professionnels les plus fragilisés par ces événements conjoncturels.

Je ne doute pas, Monsieur le Président, que notre Institution Départementale jouera son rôle d’acteur majeur dans le domaine de la solidarité.

Je vous remercie pour votre écoute.