Sud-Ouest : La « cagnotte » girondine

Grâce à une hausse de 23 millions des droits de mutation, il va pouvoir poursuivre son désendettement.

La Gironde serait-elle un pays de cocagne à l’heure où l’austérité alimente les discussions politiques nationales ? On pouvait se poser parfois la question hier en séance plénière du Conseil général, consacré à la décision modificative du débat d’orientation budgétaire. Les comptes du Département laissent en effet apparaître des recettes nouvelles pour un montant de 31,97 millions d’euros, dues essentiellement aux fameux droits de mutation, ces taxes prélevées par les notaires lors d’une transaction immobilière.

Eh oui, actuellement, la Gironde engrange davantage qu’elle ne dépense en dépit du gouffre représenté par le Revenu de solidarité active (RSA) et les allocations de solidarité pour handicapés et personnes âgées (342 millions d’euros sur 2011), mais aussi le fameux manque à gagner des compensations de l’État, une nouvelle fois évoquées par Philippe Madrelle (400 M€). Le vice-président aux finances Jean-Marie Darmian a dû reconnaître lui-même qu’il y avait eu de sa part et de ses services « sous-estimation » de ces droits de mutation : « Personne n’aurait imaginé un tel emballement de nos concitoyens pour le placement dans la pierre », confessa-t-il, tout en précisant, comme le faisait son prédécesseur Yves Lecaudey, le caractère aléatoire de ces ressources. Le conseiller général de Créon osa même le terme de « cagnotte » employé au temps où Lionel Jospin était Premier ministre, ce qui à l’époque avait provoqué de nombreuses controverses sur l’utilisation de l’argent économisé.

Il en est donc allé logiquement de même hier en séance plénière. Yves Foulon, qui parlait au nom du groupe Gironde Avenir (droite) en l’absence d’Yves d’Amécourt, annonça qu’il ne voterait pas cette « DM2 » à la fois dans la continuité du non-vote du budget primitif mais aussi en considérant que le Conseil général aurait dû profiter de cette manne pour alléger la fiscalité et renforcer l’investissement.

Ce à quoi Jean-Marie Darmian répondit que la priorité restait au désendettement, tout en ménageant des possibilités d’investissement évaluées à 750 millions d’euros dans l’exercice 2012-2014. « Dans le système financier aléatoire d’aujourd’hui, moins on est endetté et plus en prépare l’avenir », résuma Gilles Savary. « Nous pouvons nous permettre de ne pas aller vers les banques qui nous imposeraient des taux élevés », abonda le vice-président aux finances. Bref, la « gauche gestionnaire » avait déployé tous ses atours. La ronde ne durera sûrement pas aussi longtemps que… les impôts.

Hervé Mathurin

Source : Sud Ouest du 25/10/2011