Les cantons de la discorde

Ce que dit le projet de loi

La droite juge la réforme cantonale « politicienne ».

Il fallait s’y attendre. Le redécoupage cantonal de la Gironde fait de grosses vagues à droite. De même que les socialistes avaient réagi après la modification des circonscriptions législatives par le précédent gouvernement, qui « sanctuarisait » celle d’Arcachon au profit de l’UMP, Yves d’Amécourt, leader de Gironde Avenir (UMP, Modem, Divers droite), voit dans le nouveau dessin cantonal une « manœuvre politicienne » au profit du PS.

« Il n’y a aucune cohérence territoriale dans ce redécoupage, affirme le conseiller général de Sauveterre-de-Guyenne. On voit des cantons à cheval sur des communautés de communes, des arrondissements et des circonscriptions. Ma conviction est qu’on a commencé par Bordeaux parce que c’est l’objectif numéro un de Philippe Madrelle et que ce redécoupage est le cheval de Troie de la fusion entre le Conseil général et la Région. Philippe Madrelle a dénoncé le conseiller territorial que nous voulions parce qu’il considérait que son territoire était trop vaste. Mais les deux conseillers généraux du canton de Pineuilh devront traiter 90 communes sur un territoire dont la frontière nord est distante de 87 kilomètres de la frontière sud. Et dire qu’il prétendait être le bouclier rural de la Gironde ! »

Des réunions et une pétition

Mais Yves d’Amécourt et ses amis (il était flanqué de Jean-Louis David, Dominique Vincent et José Bluteau) déplorent aussi la méthode qui a présidé à ce redécoupage : « Quand nous avons reçu le courrier de Manuel Valls début avril, nous avons sollicité le préfet, qui nous a dit qu’il n’était au courant de rien. Et c’est lundi dernier que la pseudo-consultation a abouti à ce projet de carte que nous sommes censés discuter en six semaines alors qu’il n’y en a que trois jusqu’au 4 octobre, date du débat en séance plénière. »

Pour autant, Yves d’Amécourt et ses amis ne renoncent pas à une action pour espérer une intervention du Conseil d’État, qui rendra son verdict à la fin de l’année : « Nous ne remettons pas en cause la loi qui est déjà votée. Nous espérons néanmoins qu’on pourra déposer des amendements le 4 octobre et qu’ensuite, le Conseil d’État pourra intervenir à la marge. Certaines communes peuvent très bien changer de canton pour retrouver une cohérence territoriale. Pour l’instant, j’ai plutôt l’impression que Philippe Madrelle a calqué ses 33 cantons sur les futures 11 circonscriptions législatives, afin de conforter le pouvoir du PS. »

Afin de faire monter la pression, et contrer ce que la droite considère comme un déséquilibre au profit de la métropole et au détriment de la ruralité, Yves d’Amécourt a engagé un plan d’action : des réunions publiques (25 septembre à Biganos, 26 septembre à Comps, 28 septembre à l’Athénée municipal de Bordeaux, 30 septembre à Pellegrue, 1er octobre à Cissac-Médoc et 2 octobre à Bazas) ; un sondage en ligne pour consulter les élus ; une pétition lancée auprès des citoyens, et ceci avant la séance plénière du 4 octobre.

La droite voulait 74 cantons

Lors de ces réunions, il ne manquera pas de rappeler quel était le projet du précédent gouvernement : « Il supprimait le conseiller régional et instituait le conseiller territorial sur 74 cantons girondins. Mais surtout, il y avait un lissage sur le plan national, en fonction du nombre d’habitants. Chaque département aurait eu des cantons de 34 000 habitants avec plus ou moins 20 %. » Rappelons néanmoins que beaucoup, à l’UMP, militent pour la suppression pure et simple des départements.

Quant à la parité, qui est l’un des buts recherchés par la réforme, Yves d’Amécourt réplique par une formule lapidaire : « Moi, je défends la parité dans le mariage. » Et d’estimer qu’elle est surtout une question de génération : « Il a fait quoi au Conseil général, Philippe Madrelle, pour instaurer la parité depuis 1976 ? »

Source : Sud Ouest du 25/09/13