Sud Ouest : « Accrocs post-électoraux »

La vague bleue des élections municipales a jeté d’ultimes embruns hier dans l’hémicycle du Conseil général. Les élus cantonaux étaient réunis pour voter le taux des impôts de 2014 (lire ci-dessous) et pour examiner le compte administratif de 2013. Une session a priori technique et truffée de chiffres.

À droite, Yves d’Amécourt, le leader du groupe Gironde avenir, était visiblement venu l’esprit porté par le bilan du récent scrutin municipal. Le conseiller général de Sauveterre-de-Guyenne a ainsi félicité les 12 conseillers généraux de son groupe réélus dès le premier tour. Puis il a enchaîné en détaillant le score réalisé aux municipales par les conseillers généraux socialistes.

Échange d’invectives

Des adjectifs ont commencé à fuser dans les rangs socialistes dont celui de « minable » résume bien le ton général. Puis Yves d’Amécourt a enfoncé l’épée évoquant « le tribunal revanchard d’un président aux abois qui, le lendemain même de l’élection, a fait dresser par les services du Conseil général la liste des communes de gauche qui avaient basculé à droite… pour qu’on revoie leurs subventions à la baisse ».

L’assaut a même pris des accents chantés sur le thème de la « Valse à trois temps » et les revirements de François Hollande et, in fine, un « Mourir pour des idées, mais de mort lente », interprété a cappella. La réponse de la majorité s’est exprimée entre silence et colère. Jean-Marie Darmian, vice-président, a vu dans la stigmatisation de certains élus « une façon indigne de se comporter en politique ».

Réglementairement absent du débat consacré au compte administratif, Philippe Madrelle est revenu en rage, coupant même la parole à son vice-président pour accuser Yves d’Amécourt de « combat de caniveau », « d’attaques mensongères » et de « combat de chiffonnier » empreints de « suffisance ».

Ambiance.

Moyennant quoi, les 11 élus de Gironde avenir ont voté contre le compte administratif et les taux de la fiscalité. Selon eux, le Département pourrait participer à la relance économique et à l’emploi en recourant davantage à l’emprunt. Et une pause fiscale aurait redonné du pouvoir d’achat aux Girondins. Enfin, les élus UMP ont prévenu qu’ils participeront à la discussion proposée par l’État sur la suppression des Départements au profit d’une intercommunalité renforcée.

Un sujet d’actualité que Philippe Madrelle avait posé sur le pont dès l’ouverture de la session en prévenant qu’il ne voterait pas une réforme rayant le Département de la carte. « Notre pays mérite mieux que ces solutions simplistes qui succombent à l’air du temps, à la tentation d’être dans le vent », a-t-il expliqué.

La Gironde notée AA

Jean-Marie Darmian a tenu à dissiper l’idée selon laquelle le Département, entre autres maux, serait « dispendieux » : la rigueur de la gestion est mise au service de la solidarité. Hasard du calendrier, l’agence Standard & Poors a confirmé hier la note AA de la Gironde avec une perspective « stable ».

Au nom des élus communistes, Jean-Jacques Paris a logiquement rejoint Philippe Madrelle dans la défense de l’institution. Selon lui, entre la baisse des ressources et de la dotation de l’État et la hausse des besoins sociaux (RSA, APA, handicapés…), se profile « une disparition programmée » depuis plusieurs années du Département. « Qu’est-ce qu’on veut ? Une France avec une démocratie locale rétrécie et une gouvernance de managers à la tête de grands périmètres territoriaux ? » Jean-Jacques Paris souhaitait que les conseillers généraux signent une déclaration commune. En vain.

Source : Sud Ouest du 12/04/2014